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Le bonheur des enfants
28 juillet 2011

Les Fées

Les Fées

CHARLES PERRAULTLES FEES

CONTE

Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l'aînée lui ressemblait si fort et d'humeur et 

de visage, que qui la voyait voyait la mère.

Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses qu'on ne pouvait vivre avec 

elles.

La cadette, qui était le vrai portrait de son Père pour la douceur et pour l'honnêteté, était 

avec cela une des plus belles filles qu'on eût su voir. Comme on aime naturellement son 

semblable, cette mère était folle de sa fille aînée, et en même temps avait une aversion 

effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse.

Il fallait entre autres choses que cette pauvre enfant allât deux fois le jour puiser de l'eau à 

une grande demi lieue du logis, et qu'elle en rapportât plein une grande cruche.

Un  jour  qu'elle était  à cette  fontaine,   il  vint  à elle une pauvre  femme qui   la pria de  lui 

donner à boire. Oui-dà, ma bonne mère, dit cette belle fille ; et rinçant aussitôt sa cruche, 

elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine, et la lui présenta, soutenant toujours 

la cruche afin qu'elle bût plus aisément.

La bonne femme, ayant bu, lui dit : Vous êtes si belle, si bonne, et si honnête, que je ne 

puis m'empêcher de vous faire un don (car c'était une Fée qui avait pris la forme d'une 

pauvre femme de village, pour voir jusqu'où irait l'honnêteté de cette jeune fille). Je vous 

donne pour don, poursuivit la Fée, qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la 

bouche ou une Fleur, ou une Pierre précieuse.

Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine. 

Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d'avoir tardé si longtemps ; et en 

disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux Roses, deux Perles, et deux gros Diamants. 

Que vois-je ? dit sa mère tout étonnée ; je crois qu'il lui sort de la bouche des Perles et des 

Diamants ; d'où vient cela, ma fille ? (Ce fut là la première fois qu'elle l'appela sa fille.)

La pauvre enfant   lui   raconta naïvement   tout  ce qui   lui  était  arrivé,  non sans  jeter  une 

infinité de Diamants.

Vraiment, dit la mère, il faut que j'y envoie ma fille ; tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la 

bouche de votre soeur quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d'avoir le même don 

?

Vous n'avez qu'à aller  puiser  de  l'eau à  la  fontaine,  et  quand une pauvre  femme vous 

demandera à boire, lui en donner bien honnêtement.

Il me ferait beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine.

Je veux que vous y alliez, reprit   la mère,  et   tout  à  l'heure.  Elle y alla,  mais  toujours en grondant

 http://gagner-sans-investir.site90.net/histiore.html . Elle prit le plus beau Flacon d'argent qui fût dans le logis.

Elle   ne   fut   pas   plus   tôt   arrivée   à   la   fontaine   qu'elle   vit   sortir   du   bois   une   Dame 

magnifiquement vêtue qui vint lui demander à boire :

c'était la même Fée qui avait apparu à sa soeur mais qui avait pris l'air et les habits d'une 

Princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille.

Est-ce que je suis ici venue,  lui  dit  cette brutale orgueilleuse,  pour vous donner à boire, 

justement j'ai apporté un Flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame !

J'en suis d'avis, buvez à même si vous voulez.

Vous n'êtes guère honnête, reprit la Fée, sans se mettre en colère ; hé bien ! puisque vous 

êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous 

sortira de la bouche ou un serpent ou un crapaud.

D'abord que sa mère l'aperçut, elle lui cria : Hé bien, ma fille !

Hé bien,  ma mère  !   lui  répondit   la brutale,  en  jetant  deux vipères,  et  deux crapauds.  ô 

Ciel ! s'écria la mère, que vois-je là ? C'est sa soeur qui en est cause, elle me le payera ;  

et aussitôt elle courut pour la battre.

La pauvre enfant s'enfuit, et alla se sauver dans la Forêt prochaine.

Le fils du Roi qui revenait de la chasse la rencontra et la voyant si belle, lui demanda ce 

qu'elle faisait là toute seule et ce qu'elle avait à pleurer.

Hélas ! Monsieur c'est ma mère qui m'a chassée du logis.

Le fils du Roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six Perles, et autant de Diamants, la pria 

de lui dire d'où cela lui venait.

Elle lui conta toute son aventure. Le fils du Roi en devint amoureux, et considérant qu'un 

tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à un autre, l'emmena au 

Palais du Roi son père où il l'épousa.

Pour  sa soeur  elle se  fit   tant  haïr  que sa propre mère  la chassa de chez elle  ;  et   la 

malheureuse,  après avoir  bien couru sans  trouver  personne qui  voulût   la  recevoir  alla 

mourir au coin d'un bois.

MORALITE

Les Diamants et   les Pistoles Peuvent  beaucoup sur  les Esprits  ;  cependant   les douces 

paroles ont encor plus de force, et sont d'un plus grand prix.

AUTRE MORALITE

L'honnêteté coûte des soins, Elle veut un peu de complaisance, Mais tôt ou tard elle a sa 

récompense, Et souvent dans le temps qu'on y pense le moins.

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